Le Maroc en route pour la croissance verte

Publié le par Foire2Fès

 

« Le Maroc a pleinement conscience de la nécessité de préserver l’environnement et de répondre aux impératifs écologiques. À ce propos, nous appelons le gouvernement à élaborer un projet de Charte nationale globale de l’environnement, permettant la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles, dans le cadre du processus de développement durable. » Institutionnels et écologistes marocains sont unanimes : en prononçant ces mots, lors du Discours du Trône du 30 juillet 2009, le roi Mohammed IV confirmait l'engagement marocain dans une nouvelle phase de son développement, celle de la croissance verte. Car depuis son accession au Trône en juillet 1999, Mohammed VI semble déterminer à guider son royaume sur la voie du développement durable, et en particulier, sur la protection de l'environnement et le déploiement des énergies renouvelables. Une stratégie grandement motivée par la forte dépendance énergétique du pays (97% des besoins sont assurés par l'importation), un potentiel solaire très attractif, une forte croissance démographique et, enfin, un grand déséquilibre entre milieu urbain et zones rurales.

La charte de l'environnement devrait renforcer le cadre juridique émergent

Dès le début des années 2000, le Maroc s'est donc doté d'un arsenal juridique sensé encadrer cette stratégie nationale. En juin 2003, le Parlement a voté trois lois fondamentales, relatives à la protection et à la mise en valeur de l'environnement (instaurant le principe de pollueur-payeur), à la lutte contre la pollution de l'air, et aux études d'impacts sur l'environnement. Cette dernière, unanimement saluée par les associations écologistes, conditionne pour la première fois des projets d'infrastructures industrielles, agricoles, d'aquaculture et de pisciculture à une étude d'impact écologique publique. Aujourd'hui, nombre de projets de lois sont encore à l'étude, notamment sur la gestion des déchets, la protection du littoral, et la protection des sols.
La Charte de l'environnement initiée par Mohammed VI vient consolider ce cadre juridique émergent. À l'image du Grenelle français, le processus d'élaboration de cette charte s'est appuyé, en théorie du moins, sur une démarche participative, via des réunions publiques dans chacune des seize régions marocaines. Les recommandations formulées par les nombreux groupes de travail serviront de socle pour un futur outil juridique, dont la nature reste encore inconnue. Pour Mohamed Benata, militant écologiste, cette initiative royale est une aubaine pour les associations de protection de l'environnement, qui gagnent ainsi en légitimité. Mais le militant garde tout de même quelques réserves : « nous craignons que certains départements du Gouvernement ne suivent pas les directives de cette charte, comme par exemple la loi sur le littoral qui est toujours en souffrance dans les tiroirs du Secrétariat Général du Gouvernement depuis 2003. D'où la nécessité d'une charte pour l'environnement constitutionnelle et contraignante pour tous, aussi bien les citoyens que les institutions privées ou étatiques. Le jour où un simple citoyen pourra, par le biais de la justice, arrêter les atteintes causées à l'environnement, nous pourrons dire que nous disposons d’une vraie charte. » Quant à la dimension participative de cette charte, elle semble s'être heurtée à une certaine censure, comme en témoigne M. Benata. « Notre association n'a pas été conviée, mais je me suis rendu aux réunions publiques en tant que citoyen. En réalité les personnes  présentes n'étaient pas vraiment représentatives du peuple marocain et les discussions ont été menées de façon plus administrative que participative. »

Devenir le leader maghrébin des énergies renouvelables

Après avoir mené un vaste programme de raccordement aux réseaux d'eau et d'électricité ces quinze dernières années, le gouvernement marocain élabore aujourd'hui plusieurs programmes pour mettre en marche la croissance verte: Plan Azur pour le développement d'un tourisme durable, Plan Émergence en soutien aux industries marocaines, Plan Maroc Vert pour une agriculture plus respectueuse de d'environnement, Plan d'éradication des bidonvilles, et surtout, le Programme National de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Ambitieux, il prévoit de porter la capacité électrique d'origine renouvelable à 42% de la capacité globale d'ici 2020 (contre 26% aujourd'hui), en installant 2,3 GW de capacité éolienne, 2G de capacité solaire et 2GW de capacité hydraulique. Une première ferme solaire est en construction à Ouarzazate, et devrait produire 500 MW par an dès 2015. Comme le souligne Saïd Mouline, directeur de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, « pour réaliser ces infrastructures, nous lançons des appels à projets conditionnés à plusieurs facteurs : la fabrication des composants doit être intégrée à l'industrie marocaine, avoir un impact positif sur l'emploi local, et être éligible, dans la mesure du possible, aux mécanismes de développement propre. » Le gouvernement espère ainsi créer 30 000 emplois d'ici 2020, et devenir l'acteur incontournable des énergies renouvelables au Maghreb. Un défi qui profitera au peuple marocain ?

 

 

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Anne Farthouat

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