Ali En-Naamani : D'un village aux alentours de Fès à la création de « NewBiz Conseil » à Lyon

Publié le par Foire2Fès


Deux réussites entrepreneuriales qui font mentir les statistiques. Pour Ali, enfant du moyen Atlas devenu chef d'entreprise à Lyon, l'école a été un vrai sésame. Amina, au cœur de la capitale économique Casablanca, voudrait justement offrir une tranche de rêve à tous les écoliers de son pays.

Ali En-Naamani : du village marocain à la création de « NewBiz Conseil »
L'optimisme est son credo, le travail sa devise et la chance son ange gardien.

Et c'est à Lyon que cet ingénieur d'origine marocaine a conjugué ces trois atouts dans sa vie professionnelle.


A 55 ans, Ali En-Naamani dirige, avec un associé, la société « NewBiz Conseil » à Lyon, spécialisée dans la haute technologie informatique industrielle. Fondée il y a trois ans, la SARL emploie actuellement 25 salariés.

Lorsqu'il « regarde dans le rétroviseur », métaphore pour parler du passé, cet homme aux cheveux grisonnants mesure avec plaisir le chemin parcouru jusqu'ici. Né à Mezraoua en 1954, un village marocain aux alentours de Fès, et fils de paysans, Ali En-Naamani n'aurait pas fréquenté les bancs de l'école si l'un de ses oncles, alors enseignant, ne l'avait pris sous son aile pour le scolariser.

Le « bon élève » franchit allègrement une à une les étapes et obtient, en 1973, un bac scientifique au lycée de Fès. « En septembre, je reçois une lettre recommandée annonçant que j'étais accepté à l'université Claude-Bernard. J'avais complètement oublié que j'avais monté un dossier pour ça ! », raconte-t-il, lui qui s'apprêtait à intégrer une prépa mathématiques à Casablanca. Cap vers Lyon juste à temps pour la rentrée universitaire. Sept ans plus tard, alors âgé de 26 ans, Ali quitte la France avec une maîtrise d'électronique et un doctorat d'informatique industrielle préparé à l'Insa. Rester à Lyon ne l'avait même pas effleuré. Même s'il entretenait une « relation » avec Evelyne : « Cela coulait de source. J'étais venu faire mes études à Lyon et une fois finies, je suis reparti. »

Oui mais il ne restera finalement que deux années à Casablanca : « Avec du recul, je pense que j'étais en décalage », confie-t-il. Son mariage avec Evelyne et l'arrivée de leur premier enfant ont aussi pesé dans la balance. De retour à Lyon en 1982, il débute comme ingénieur informatique dans une société de très haute technologie où, très vite, il accède à des postes à responsabilité. Huit ans plus tard, il démissionne pour rejoindre une entreprise de 15 salariés dédiée au service informatique. Il y développe, quinze ans durant ce goût pour le « business ». En 2005, la société emploie alors 400 personnes. Le travail, le travail et encore le travail. Mais la maison mère décide de fusionner certaines entités. Des têtes tombent dont la sienne. Pas accablé, il rebondit aussitôt : « Créer, développer, gérer une entreprise c'est ce que nous savions faire avec mon actuel associé. On a créé NewBiz Conseil. » A l'horizon 2012, la structure devrait compter entre 50 et 70 ingénieurs : « La situation économique actuelle freine notre croissance mais ne nous met pas en difficulté », relate cet homme d'affaires affable. Un optimiste, on vous dit.

Farida Chadri

portraits le Maroc ici et là-bas Les échanges économiques entre la région et le Maroc

Bien que se hissant à la 22e place des pays clients et à la 25e en tant que fournisseurs, le Maroc est considéré comme « un partenaire commercial important » pour la région Rhône-Alpes. En 2008, les exportations rhônalpines vers le royaume se sont élevées à 440 millions d'euros (530 en 2007) et les importations à 305 millions d'euros (398 un an plus tôt). Produits de la construction automobile, de l'industrie textile, matériels électriques sont les principaux biens exportés depuis la région.

Cette dernière importe principalement du Maroc du matériel de télécommunication et de transmission, des vêtements, des appareils électriques et des produits de l'industrie agroalimentaire. En 2008, 36 entreprises étaient implantées au Maroc.
Une manne financière venue de l'étranger

Les transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger (MRE) dans le monde constituent la première rentrée en devises du Maroc devant le tourisme. Evalués à 55 milliards de dirhams en 2007 (4,9 milliards d'euros), ils représentent 9 % du PIB marocain (plus de 40 % ont été envoyés depuis la France). Consommation courante, santé, éducation, investissement immobilier sont les principaux usages faits de ces transferts.

> Sources : Direction régionale du commerce extérieur; CCI de Lyon, la Douane; Office des changes du Maroc, Banque de développement africaine

Amina Hachimi Alaoui : « Permettre un vrai accès pour tous à la culture »

« Ce n'est pas facile de monter son affaire au Maroc. Surtout lorsque l'on est une femme. » Mais si Amina Hachimi Alaoui n'a pas sa langue dans sa poche, elle a aussi un vrai talent pour les affaires. Une femme engagée qui témoigne de la vitalité et de l'ouverture de tout un pays. « Je suis partie de deux constats. Il n'existait pas de livres pour enfants au Maroc écrits par et pour des Marocains. La réalité de l'émigration a tendance à décentrer les valeurs de notre pays vers l'Europe. La culture marocaine est comme un arbre malade qui pencherait mystérieusement vers l'Occident. Lorsqu'on ausculte l'arbre, on s'aperçoit que ce sont les racines qui sont malades. Je voulais renforcer ces racines. » Et Amina a mis en œuvre une thérapie de choc. Elle crée la première maison d'édition spécialisée dans les livres jeunesse. Une maison d'édition et une librairie à Casablanca afin de maîtriser toute la chaîne économique du livre : « Le livre est un produit très cher ici. J'avais le choix de faire des livres à 5 dirhams. Ou faire des livres plus ambitieux mais qui trouveraient difficilement leur public. J'ai opté pour la deuxième solution tout en essayant de mettre en place un système de distribution original qui permette un vrai accès pour tous à la culture. » Amina commence par distribuer ses livres dans les écoles en renonçant à tout bénéfice. « Mais très vite je me suis fait tirer les oreilles par mon banquier. J'ai donc décidé de faire acheter des livres par des donateurs pour ensuite les distribuer aux écoles. » E t ça marche. Au sein de la librairie mais aussi dans des salons ou sur internet, ses clients peuvent financer le livre d'un enfant marocain. Amina écume les écoles primaires de son pays, arpente au volant de son 4X4 les routes les plus tortueuses pour aller à la rencontre des jeunes Marocains. Chaque distribution s'accompagne d'une rencontre avec l'équipe enseignante et d'une petite cérémonie afin de marquer la solennité d'un acte qu'elle veut altruiste mais surtout constructif pour l'avenir.

« Mon objectif est que chaque enfant puisse se constituer une petite bibliothèque personnelle de quatre ou cinq livres pendant sa scolarité. Cela crée une émulation autour du livre et autour de la culture. » Amina est aujourd'hui à la tête d'un catalogue de 60 titres dont les best-sellers comme la série mettant en scène les deux jeunes héros, Lamika et Karim, avoisinent les 60 000 exemplaires. Une démarche qui voudrait également nourrir un bien culturel précieux : celui de la francophonie. « Pour la plupart des titres, les enfants ont le choix entre la langue arabe ou française. Mais force est de constater que le français est en chute libre à l'école publique. Aujourd'hui, nos livres sont diffusés en France grâce aux politiques d'achat des bibliothèques et des écoles. Car nous voulons aussi toucher les enfants issus de l'immigration pour leur faire découvrir leurs racines. »

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